Gremlins: quand mignonnerie et chaos se rencontrent dans un classique culte

En 1984, Steven Spielberg était en plein essor créatif, non seulement en tant que réalisateur, mais aussi comme producteur.  Il adopte ce dernier rôle pour Gremlins, un pari curieux sur la comédie noire, où le mignon et le grotesque se tenaient la main comme seules les années 80 pouvaient le permettre.

Joe Dante fut chargé de réaliser ce film, qui dans un autre contexte aurait été un film d'horreur de plus, mais qui, grâce à un excellent travail de réalisation et de scénario, finit par plaire aussi bien à ceux qui voulaient des atrocités qu'à ceux qui cherchaient des mignonneries et de l'humour savamment dosé. 

À l'origine, il y avait le Mogwai!

Rand Peltzer offre à son fils Billy un étrange animal : un mogwai (démon en cantonais). Son ancien propriétaire l'a bien mis en garde : il ne faut pas l'exposer à la lumière, lui éviter tout contact avec l'eau, et surtout, surtout ne jamais le nourrir après minuit. Tout tourne au désastre lorsque la petite bête se reproduit.

Le saviez-vous ? :

Le gremlin est une sorte de démon mythologique que les Saxons associent aux pannes. En effet, pendant la Seconde Guerre mondiale, certains croyaient qu'ils grignotaient les câbles des avions pour les faire tomber. C'est pourquoi, les références aux gremlins que nous avons vues dans Les Simpson ou Johnny Bravo, par exemple.

Les Effets spéciaux.

Bien sûr, les choses dégénèrent dès le début et une grande partie du film reposent sur le contraste entre l'adorable Gizmo et les gremlins qui sont répugnants (mais en même temps très comiques). 

À cet égard, rien n'aurait été pareil sans les effets spéciaux du film. Il y a un peu de stop motion, mais essentiellement de l'animatronique, beaucoup d'animatronique. Autrement dit, Gizmo et les gremlins sont des "marionnettes" pleines de câbles qui étaient animées par des contrôles à distance.

Cette technique était déjà très courante, nous l'avons vue dans E.T. l'extra-terrestre et nous la verrons aussi des années plus tard dans Jurassic Park, tous deux de Spielberg. Mais dans ce film, elle accomplit un véritable tour de force, car il a fallu animer des dizaines de petits monstres différents et en même temps. 

Parfois, plusieurs dizaines convergeaient dans le même plan ! De plus, ils ne bougeaient pas juste un bras, mais ils devaient aussi contrôler l'expressivité des yeux, de la bouche ou même des oreilles en même temps.

Grâce à cela, on avait très envie de câliner Gizmo…  Mais aussi de fuir le méchant Stripe et ses acolytes.

Aurait-on pu créer des effets par ordinateur ? Eh bien, nous parlons de 1984, donc Tron avait déjà montré ce qui pouvait être fait à cet égard, mais la technologie n'était pas encore au point, pour montrer quelque chose d'aussi complexe que les gremlins. 

Ici, nous avons le droit à des véritables perles d'artisanats et cela se voit. En d'autres termes, nous croyons davantage en ces petites créatures qu'au Yoda numérique de Star Wars Épisode II, par exemple.

T'as la ref?

Nous ne pouvons aborder cette critique de Gremlins sans mentionner l'énorme quantité de références qu'elle inclut.

Ces créatures ne respectent rien, dans la deuxième partie du film, nous les voyons chanter un cantique de Noël à une vieille grincheuse comme faire des bêtises dans un cinéma et le saccager.

Le côté joueur des créatures (et des créatifs du film) a donné lieu à des scènes aussi mémorables que le fredonnement du thème de Blanche-Neige et les sept nains. Les plans dans lesquels ils deviennent accros au jeu vectoriel de Star Wars ou à un Donkey Kong portable qui doit valoir des millions aujourd'hui. 

Il faut être vigilant et garder l'œil ouvert sur les multiples références à Indiana Jones, E.T. ou Rencontres du troisième type. Car si vous clignez des yeux, vous risquer de les manquer.

Le film lui-même recèle aussi des scènes sauvages et comiques de son propre cru, comme cette scène dans laquelle la mère de Billy, met l'un des gremlins dans un micro-ondes et le fait exploser. Ou quand la vieille dame est propulsée comme une fusée à travers la fenêtre.

La sauvagerie des gremlins contraste avec l'innocence de Billy, le protagoniste, qui semble sur le point de chanter "J'aime Laura" à tout moment. 

La vérité est que ce personnage est assez peu charismatique, mais les personnages secondaires sont plus intéressants, en particulier le père inventeur ou M. Wing, le Chinois mystérieux à moitié aveugle qui connaît les secrets des mogwais.

D'ailleurs, dans ce film apparaît un très jeune Corey Feldman, le garçon espiègle que nous verrons peu après dans Les Goonies ou un peu plus âgé dans Stand by Me.

En fait, Gremlins est connecté à de nombreux autres films mythiques : une bonne partie de la ville sera recyclée un an plus tard pour devenir l'Hill Valley de Retour vers le futur.

Bien qu'il mette presque 40 minutes pour mettre en place l'histoire, le film propose à partir de là un festival de bêtises et de blagues effrontées qui mêlent horreur et humour à merveille.

En 1984, il était très audacieux de montrer comment des créatures fumaient ou mettaient la bouche sous un robinet de bière.

Je devais être âgé de 7 ou 8 ans lorsque j'ai vu pour la première les Gremlins.

À l'époque, on n'avait pas le même contrôle parental que maintenant. Si nos parents étaient là, on pouvait regarder le film, c'est tout. Et c'est comme ça que le film est devenu un de mes pires traumatismes de mon enfance. Surtout la scène dans laquelle Stripe a un pistolet, qui a hanté mes cauchemars bien plus que le père Krueger.

Il m'a fallu des années pour le revoir et apprécier ce film dans son entièreté. Avec son humour, ses effets spéciaux. Il est même devenu, avec Die Hard, un de mes films de Noël préférés !

J'ai encore l'espoir de trouver un jour ce magasin d'antiquité et de trouver un vieux chinois mystérieux qui me montrerait un Mogwai!

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