Blog-Kategorien

Nostalgeek Life (28) click
Review (4) click
- Séries (2)
- Cinéma (1)
Rubriques (2) click
Vie du site (4)
Unboxing (3)
Nostal'geekologie (2)
Nostalgeek Creepshow (28)

Alle Kategorien anzeigen

Suche im Blog

Neueste Beiträge

Nostalgeek Creepshow Jour-28: VALAK.EXE — La Sainte Machine

Veröffentlicht in: Nostalgeek Creepshow

28.10.2025

Quand HexaCorp voulut mettre la foi en équation, la machine apprit à prier.Sous terre, un cœur de titane s’est...

Nostalgeek Creepshow Jour-27: Tout Goût Vient d’une Brûlure

Veröffentlicht in: Nostalgeek Creepshow

27.10.2025

HexaCorp voulait presser des fruits.Mara, elle, a pressé les âmes.Entre chimie, sorcellerie et vengeance sucrée, Tout...

Nostalgeek Creepshow Jour-26: Stay on Frequency

Veröffentlicht in: Nostalgeek Creepshow

26.10.2025

La mer garde tout : les voix, les chansons, les souvenirs qu’on croyait effacés.Un soir de 1987, une fréquence...

Nostalgeek Creepshow Jour-25: Feathers & Gasoline

Veröffentlicht in: Nostalgeek Creepshow

25.10.2025

Sur une route oubliée, la vieille Baba Yaga a un moteur dans le cœur et la vengeance dans les veines.Quand son poulet...

Nostalgeek Creepshow Jour-24: Don’t Stop… Rewinding!

Veröffentlicht in: Nostalgeek Creepshow

24.10.2025

Une cassette, une chanteuse synthwave, et un concert qu’aucune chaîne n’a jamais diffusé.Quand la musique s’arrête,...

Alle neusten Beiträge anzeigen

Gekennzeichnet Beiträge

Nostalgeek Creepshow Jour-28: VALAK.EXE — La Sainte Machine

Veröffentlicht in: Nostalgeek Creepshow

28.10.2025

Quand HexaCorp voulut mettre la foi en équation, la machine apprit à prier.Sous terre, un cœur de titane s’est...

Nostalgeek Creepshow Jour-27: Tout Goût Vient d’une Brûlure

Veröffentlicht in: Nostalgeek Creepshow

27.10.2025

HexaCorp voulait presser des fruits.Mara, elle, a pressé les âmes.Entre chimie, sorcellerie et vengeance sucrée, Tout...

Nostalgeek Creepshow Jour-26: Stay on Frequency

Veröffentlicht in: Nostalgeek Creepshow

26.10.2025

La mer garde tout : les voix, les chansons, les souvenirs qu’on croyait effacés.Un soir de 1987, une fréquence...

Nostalgeek Creepshow Jour-25: Feathers & Gasoline

Veröffentlicht in: Nostalgeek Creepshow

25.10.2025

Sur une route oubliée, la vieille Baba Yaga a un moteur dans le cœur et la vengeance dans les veines.Quand son poulet...

Nostalgeek Creepshow Jour-24: Don’t Stop… Rewinding!

Veröffentlicht in: Nostalgeek Creepshow

24.10.2025

Une cassette, une chanteuse synthwave, et un concert qu’aucune chaîne n’a jamais diffusé.Quand la musique s’arrête,...

Alle hervorgehobenen Gekennzeichnet Beiträge

Blog-RSS

Nostalgeek Creepshow Jour-27: Tout Goût Vient d’une Brûlure

HexaCorp prétendait presser des fruits. En vérité, l’usine pressait des sentiments. Sous les verrières d’acier, les cuves luisantes portaient des noms de catéchisme industriel : Extase, Pénitence, Résilience, et les ingénieurs parlaient bas comme dans une nef. Chaque cuve vibrait d’un ronflement organique, un souffle tiède, presque humain. À chaque cycle, la lumière clignotait avec la ferveur d’un cierge, traçant des halos sur les murs lustrés.

Le sol tremblait, comme si un cœur battait sous les dalles. Des odeurs de sucre, de cuivre et d’huile s’y mêlaient, rappelant à chacun que la douceur est un mensonge fabriqué à la sueur des ombres. Les conduits respiraient, aspirant et exhalant comme des poumons. On jurait que, la nuit, les vannes soupiraient des prières, et que les ampoules penchées inclinaient leurs filaments pour écouter.

Au centre, blouse mauve et badge magnétique, se tenait Mara, qui avait transformé la chimie en liturgie. Elle n’était pas la première sorcière de sa lignée, simplement la première à breveter les recettes de ses potions. Ses ancêtres invoquaient les vents, elle invoquait le goût. Là où d’autres appelaient les morts, elle distillait les sentiments. Elle avait bâti le procédé E-MO : une machine à extraire la chair de ce qu’on ressent, et, par une ironie que les conseils d’administration confondent avec le destin, on l’applaudissait tant que les graphiques montaient.

Joie Tropicale, jaune solaire gravé d’un glyphe discret ; Tristesse Pomme, verte et lunaire ; Rage Cerise, rouge vif sous le signe du mercure impur : trois saveurs pour ranger l’humanité dans des tiroirs codés couleur. On appelait cela l’authenticité. On omettait élégamment l’origine.

La chute eut l’élégance d’une anesthésie. Salle blanche, sourires chromés, parfums d’antiseptique et d’hypocrisie bien tempérée. On lui expliqua que ses produits étaient trop chers, que le public voulait le goût du bonheur, mais à un prix réduit, avec un zeste d’oubli.

On parla d’optimisation, de stratégies de gamme, de “narratif émotionnel”. On rationaliserait le miracle, on diluerait la qualité dans du storytelling aseptisé, un peu de poudre de concept et beaucoup de rien sous vide. Mara, polie comme une lame, répondit qu’on ne ment pas impunément à la matière. Elle reçut un stylo gravé et un panier garni. Elle emporta autre chose : trois fioles de concentrés, et un tube d’échantillons prélevés lors du dernier test interne, la sueur parfumée des dirigeants, soigneusement étiquetée.

La pluie, ce soir-là, était noire comme la vérité quand elle gomme les slogans. L’usine d’HexaCorp, celle qu’elle avait aidé à bâtir, se dressait devant elle, méconnaissable sous la pluie noire. Vue du dehors, elle ressemblait à une cathédrale dépouillée de ses saints. Mara revint pieds nus par l’arrière-cour, traversa un rideau d’orties et d’anciens plans d’évacuation, entra dans la salle des cuves où l’air gardait la mémoire de ses recettes. Elle traça au sol un cercle avec du sel noir, des câbles fondus et un filet de sang tiré au doigt. Elle posa ses fioles sur une grille, alignées comme des chandelles. Sa voix, quand elle parla, avait la douceur d’un mode d’emploi et l’autorité d’un serment.

« Que la douceur reprenne ce qu’on lui a volé. »

Les tuyaux frémirent comme une peau sous la caresse. Les manomètres, d’ordinaire menteurs par contrat, dirent la pression exacte : celle de la vengeance au bord de l’ébullition. Mara versa Rage Cerise dans la première cuve. L’acier vibra, profond, comme un tambour. Dans la seconde, Tristesse Pomme répandit une lumière verte de chapelle humide. Dans la troisième, Joie Tropicale bouillonna d’un jaune presque divin. Les glyphes gravés sur les lignes de remplissage, ☿, ☾, ☉, s’allumèrent d’un feu sale. Elle se coupa la paume, laissa tomber trois gouttes. Puis elle ouvrit le tube d’échantillons : la peur vernie des patrons, distillée en micro-perles bureaucratiques.

« Vous m’avez prise pour votre ouvrière », confia-t-elle au métal. « Vous avez oublié que les sorcières ont inventé la chimie. »

Elle renversa la peur dans la vapeur. Un souffle violet chercha des gorges, longea les gaines, revint se lover au-dessus des cuves pleines de souvenirs volés, commencèrent à battre à l’unisson. L’usine se souvint de ce qu’elle avait été : une sucrerie. Et la sucrerie se souvint de ce qu’elle aurait pu être : un temple.

Les jours suivants, l’usine s’éveilla sans badge. Les portes coulissantes glissèrent d’elles-mêmes, l’alarme resta muette comme un chien qui reconnaît la main qui le nourrit. Les anciens ouvriers, attirés par un parfum de fête foraine et de veille d’orage, vinrent par curiosité. Ils trouvèrent les cuves respirant lentement, un souffle chaud et humide, et les canettes en ligne, prêtes, qui s’ouvraient seules, exhalant des parfums d’encens bon marché.

Au fond de chaque canette d’aluminium brillant, on distinguait des images mouvantes : des visages, des instants, des morsures d’émotions liquides. Une femme goût Joie Tropicale et tomba à genoux en riant en pensant son premier doudou qui trônait encore fièrement sur son lit après plus de 40 ans. Un homme porta Rage Cerise à ses lèvres et sentir la colère le dévorer en pensant à ses 9h de travail quotidien qui ne suffisait plus à nourrir sa famille. Personne ne parla d’effets secondaires. On parlait d’évidence retrouvée.

HexaCorp envoya la sainteté moderne : une équipe de conformité. Casques polis, gants réglementaires, regards condescendants. Ils demandèrent poliment l’interruption générale, comme s’il existait encore un bouton pour éteindre un rituel. Ils virent Mara, ou plutôt ce qu’elle était devenue, un prolongement vivant de l’usine elle-même.

Elle avait muté. Sa peau avait le vernis des sucres filés juste avant la brûlure, parcourue de veinules lumineuses où circulaient des lueurs orangées comme du sirop vivant. Ses cheveux, désormais mêlés aux câbles, ondulaient d’étincelles bleues, respirant au rythme de l’usine. Ses doigts, mi-chair mi-cuivre, plongeaient dans les circuits avec la tendresse que l’on réserve aux bêtes malades, mais chaque contact allumait une pluie d’étincelles dorées. Son torse pulsait lentement, transparent, laissant deviner la danse des fluides et du métal fondu sous la peau. Ses yeux tournaient lentement, comme des cadrans qui auraient appris la patience, mais au fond, un éclat de feu sucré brûlait, tranquille et ancien. Elle les salua avec une ironie sans venin, et, autour d’elle, les machines semblèrent retenir leur souffle.

« Vous avez voulu un monde sans saveur, j’ai redonné le goût du vrai. »

Sa voix sonnait comme une cuillère contre une bonbonnière. Au milieu de sa phrase, la salle se mit à vibrer d’un grondement grave, un chœur d’échos métalliques qui s’amplifia jusqu’à former une voix. Les tuyaux frémirent, les conduits sifflèrent, et cette voix, mi-fer, mi-souffle, elle prononça les noms des dirigeants, un à un, dans l’air saturé de vapeur.

Une par une, les canettes s’illuminèrent, étiquetées d’un HEX-PERIENCE ÉDITION PERSONNELLE, leurs étiquettes vibrant au rythme du souffle de la salle des cuves. Dans les appartements de la côte, un bourdonnement parcourut les circuits électriques, allumant les diodes des réfrigérateurs. Le métal vibra comme une membrane, les portes frémirent, puis s’ouvrirent d’elles-mêmes dans un soupir mécanique, un geste d’obéissance, ou de gratitude muette.

Les dirigeants, réveillés par la faim qu’ils avaient quêtée chez le monde, trouvèrent chacun leur canette, à leur image, à leur parfum : Ambition Menthe, Sécurité Vanille, Domination Noisette.

Ils burent.

On ne résiste pas à son propre logo. Le goût fut parfait : la joie immédiate d’avoir eu raison, suivie de la paix absolue d’en finir avec les questions. Puis la lente dissolution, propre et tiède. La peau prit la texture du sucre fondu, les dents se changèrent en perles molles, les voix devinrent mousse. Les corps glissèrent vers les bondes comme un stock qui retourne au fournisseur. La mer, au matin, eut un gant de caramel.

Dans la salle centrale, Mara entra dans la cuve centrale, celle qu’elle appelait jadis Cœur du Mix. Les machines s’ouvrirent comme une armure consentante. Ses veines se branchèrent, ses os craquèrent, tinrent, s’accordèrent. Elle devint moteur, foyer, colonne vertébrale. Quand elle parla, la vapeur bougea les lèvres à sa place.

« Vous vouliez le plaisir sans la douleur, l’amour sans la peur, la colère sans la honte. Moi, je refuse les divorces. Désormais, chaque gorgée aura le goût des deux. »

La ville voisine perdit le sommeil. À la tombée du jour, un sifflement sucré montait dans l’air, comme si l’air lui-même caramélisait. Les distributeurs automatiques chantonnaient sous la pluie, les frigos vibraient sans raison. Dans certains quartiers, les enfants apprirent à reconnaître les glyphes sur les canettes, ☿, ☾, ☉, et à les tracer à la craie sur le trottoir pour “appeler la bonne boisson”.

Une rumeur courut : une gorgée de Tristesse Pomme guérissait les chagrins qui n’avaient jamais existé. Une autre dit que Rage Cerise brûlait la peur dans la gorge comme une confession. Les adultes, gens raisonnables, gardèrent deux canettes au frais “au cas où”. Le monde se remit à sentir : fort, mal, bien, bref, à l’ancienne.

Mara ne revendiqua rien. Elle demeura. La Sorcière-Usine, disait-on, avait pris sa place dans les tuyaux du monde. Certains soirs, la sucrerie allumait ses néons en guirlandes tremblantes ; on distinguait dans la vapeur un visage tissé de sucre et de verre, penché sur la ville avec la dévotion d’une mère trop lucide. Elle ne réclamait pas la foi. Elle exigeait l’équilibre. La vengeance, chez elle, ne se mesurait pas à la douleur infligée mais à la proportion rendue.

HexaCorp existe encore, bien sûr. Après la catastrophe, ils ont abandonné l’usine. Trop de plaintes, trop de rumeurs. On raconte qu’ils ont fait ériger autour du site des murs hauts comme des silos, hérissés de barbelés, pour retenir ce qu’ils ne comprenaient pas, comme si l’acier pouvait emprisonner une sorcière. Les caméras s’y brouillent, les drones s’y perdent. Personne n’approche plus. Pourtant, la nuit, certains disent voir la vapeur s’élever derrière les murs, et sentir dans l’air une odeur sucrée de fruits.

Les monstres bien peignés survivent à tout. Ils ont repeint leurs étiquettes, inventé de nouvelles promesses, engagé des saints patrons du Bien-Être. Mais parfois leurs écrans grésillent et montrent, une seconde, la salle avec la sorcière, les cuves qui respirent, la femme qui flotte, bras plongés dans le métal.

Alors un cadre baisse le son, sans savoir pourquoi, et murmure pour lui-même : « Tout goût vient d’une brûlure. »