Extranimals : les fauves mécaniques de Majorette qui ont marqué notre enfance

Il y a des jouets qu’on n’oublie jamais. Non pas pour leur rareté ou leur valeur de collection, mais parce qu’ils ont su déclencher en nous une tempête d’imaginaire. Les Voitures Extranimals de Majorette, c’était exactement ça. Une gamme à part, un OVNI sauvage sur quatre roues, débarqué dans les rayons des années 80-90 comme une meute de bêtes échappées d’un laboratoire secret.

Des fauves sous le capot : quand Majorette s’emballe

Dans les années 80, Majorette était déjà une marque bien installée dans le cœur des enfants. Voitures miniatures réalistes, garages pliables, circuits en plastique… Mais à un moment, ils ont décidé de lâcher les chevaux. Ou plutôt… les fauves.

Les Extranimals, c’était l’idée de génie d’hybrider deux passions enfantines : les animaux sauvages et les monster trucks. Le résultat ? Des bolides bestiaux, chacun prenant l’apparence d’un animal emblématique : panthère, taureau, rhinocéros, lion, éléphant… et d’autres variantes devenues cultes.

Ces engins n’étaient pas simplement décorés d’animaux : non, l'idée était bien plus folle et audacieuse. Sur leur capot se trouvait une tête d'animal sauvage chromé. Ce qui nous donnait l'impression que ces voitures étaient sauvages, prêtes à en découdre !

Le style monster truck ajoutait à l’ensemble une impression de puissance brute, avec des roues surdimensionnées, des moteurs proéminents, des suspensions exagérées qui étaient réglables… En les descendant au maximum, ils se reposaient en vue de leur prochaine grande course-poursuite. En les montant, les Extranimals faisaient rugir leur moteur et pouvaient surmonter n'importe quel obstacle.

Mais le plus fun était de baisser seulement les roues avant pour donner l'impression qu'ils pistaient leur proie ou qu'ils étaient prêts à bondir.

Avec leurs pneus XXL, leurs moteurs surdimensionnés et leur silhouette mi-métal, mi-bête, ces voitures semblaient vivantes. On les imaginait rugir dans la jungle, bondir sur la route, charger dans la poussière.

Et dans nos têtes d’enfants, ces jouets étaient les vestiges d’un futur sauvage, une ère post-humaine où la nature avait repris ses droits. Un monde où les routes étaient envahies par la végétation, les villes en ruines colonisées par des lianes, et où seules les créatures mécaniques survivaient. Était-ce des véhicules devenus bêtes ? Ou des bêtes devenues bolides ? Le mystère restait entier… mais on y croyait dur comme fer.

Une pub sauvage… et un imaginaire en feu

La pub télé passait à peine quelques secondes, mais elle suffisait à déclencher une obsession. On voyait un décor sauvage — un désert stylisé, une jungle boueuse — dans lequel les Extranimals surgissaient à toute vitesse. Ils bondissaient, dérapaient, rugissaient, dans une ambiance frénétique entre Mad Max, le Roi Lion et une pub de jouet 80s en pleine montée d’adrénaline.

Quand je regardais la pub à la télé, j’avais l’impression que ces monster trucks étaient vivants. Je m’imaginais un monde dans lequel ils vivaient en liberté dans la savane, dans les prairies ou dans les jungles. Et dans mes jeux, il y avait toujours une course-poursuite entre la panthère et le taureau...

La scène se déroulait dans ma tête, mais aussi avec mes Extranimals que je contrôlais tel un metteur en scène dirigeant un vrai film à gros budget : la panthère bondissait, rapide et agile, frôlant les troncs et semant la poussière poursuivant le Taureau qui avait un moteur plus puissant, plus gonflé, mais beaucoup moins rapide que la Panthère qui était la vitesse incarnée. Le bovidé n'avait aucune chance... Et au dernier moment, alors que tout semblait perdu, il se retournait pour charger sauvagement le chasseur qui était devenue la proie. Il gagnait. Parce qu’il était plus fort, parce qu’il était mon champion... Mon préféré.

C’était digne d’un match de catch à la télé, avec le suspense, les retournements de situation, les rebondissements dignes des plus grands shows du samedi après-midi. Et cette pub, avec ses images furtives, faisait naître dans ma tête tout un écosystème de rêves motorisés.

Une gamme courte… mais marquante

Les Voitures Extranimals n’ont pas eu une durée de vie commerciale très longue. Majorette les a lancées comme une gamme un peu à part, sans série animée, sans comics, sans jeu vidéo. Juste une idée pure, matérialisée en métal et en plastique.

Et pourtant, elles ont marqué une génération.

Parce qu’elles étaient différentes, puissantes, exubérantes. Parce qu’elles faisaient du bruit, parce qu’elles n’étaient pas réalistes. Parce qu’elles laissaient chacun inventer son propre monde sauvage.

Parmi les modèles les plus cultes :

• La Panthère : noire, élégante, rapide, féline.

• Le Taureau : massif, têtu, brutal.

• L’Aigle : un hélicoptère stylisé, qui fendait l’air.

• Le Rhinocéros : une bête blindée, prête à charger.

• L’Éléphant : immense, capable d’en transporter un autre sur son dos.

Ils n’étaient pas nombreux. Mais chacun avait son caractère, son style, son rôle dans notre univers de jeu.

L’héritage des Extranimals

Aujourd’hui, ces voitures sont devenues des vestiges précieux de nos imaginaires d’enfants.

On ne les garde pas pour leur valeur marchande, mais pour ce qu’elles racontent. Pour ce qu’elles représentaient : un monde sans limites, un monde de routes sauvages, de combats rugissants, de scénarios à haute tension sur le tapis du salon.

Les Voitures Extranimals de Majorette, c’était un terrain de jeu mental, un film d’action miniature, une explosion d’idées sur roues.

Elles n’ont pas besoin d’avoir duré longtemps pour avoir laissé une trace indélébile dans nos souvenirs.

Et aujourd’hui, quand on retombe dessus, même poussiéreuses, même abîmées, on entend encore le rugissement du moteur… et le début d’une nouvelle course-poursuite.